La route est encore longue jusqu’à la terre de feu, nous avons prévu de passer notre premier Noël d’expatriés sur ces terres du bout du monde. Nous avons décidé de passer ces fêtes de fin d’année avec tous nos compagnons de voyage rencontrés récemment, et avec qui nous nous entendons plus que bien. Lola espère que le père Noël ne sera pas découragé par la distance et que ses rennes réussiront à le guider jusqu’à nous !
Pour l’instant nous ne ressentons pas du tout l’ambiance de Noël, sûrement à cause de la température (c’est difficile d’acheter ses guirlandes en tongues !)
Mais nous sommes quand même le 29 novembre et j’ai promis aux enfants de parer notre maison roulante aux couleurs de Noël, dés le premier décembre. Robin et Lola insistent pour mettre le sapin, je crois que cela ne sera vraiment pas envisageable…
Nous avons prévu de nombreuses haltes le long de cette « routa 3 » qui mène à Ushuaia et qui est bien longue, bien monotone, bien droite et le long de laquelle s’étend à perte de vue la pampa patagonne…
Le premier point d’intérêt se situe à Punta Tumbo, là-bas se trouve la plus grande colonie de « pinguinos » d’Amérique latine. En fait, il s’agit de Manchots de Magellan, car les pingouins se trouvent uniquement dans l’hémisphère Nord.
Nous accédons à ce site protégé après 100 km de pistes caillouteuses et poussiéreuses (m’en fiche, maintenant j’ai un bel aspirateur !).
A peine garés, nous apercevons nos premiers manchots. Le chemin qui parcourt tout le site est balisé tantôt par des pierres, tantôt par des passerelles en bois, ici le pingouin est roi, le gardien à l’entrée nous indique les règles à observer :
– priorité aux pinguinos traversant
– laisser au minimum une distance de 1 mètre entre nous et les manchots
– bien sûr ne pas les caresser.
Nous sommes ici chez eux c’est leur territoire et non l’inverse, nous l’avons bien compris et cela rend l’endroit encore plus attachant.
Chaque année, les mâles arrivent ici à la fin du mois d’août, ils réhabilitent leur nid de l’année passée, ensuite quand le ménage est fait, les femelles arrivent à leur tour, c’est la période de reproduction. Début octobre, chaque femelle pond 2 oeufs et les couve durant 40 jours, nous avons donc pu voir de tout jeunes manchots à peine sortis de l’œuf, ils sont tout gris et c’est seulement à l’âge d’un an qu’ils auront leur plumage définitif.
Leur nombre est hallucinant.
Partout des petites silhouettes se dandinant, peu effarouchés par l’homme, certains viennent jusqu’à nous piquer les chaussures avec leur bec.
Le soir, nous dormirons sur le parking de la réserve et plusieurs d’entre eux viendront voir BEF d’un peu plus près. Ensuite, place au concert : le manchot s’avère être un peu bruyant et pousse un cri assez strident, mais cela ne nous empêchera pas de passer une excellente nuit.
Pour le week-end, nous retrouvons nos amis voyageurs et reformons notre campement dans un site également protégé et très sauvage : Cabo Dos Bahias. On peut y voir des manchots de Magellan, des lions de mers et de nombreux oiseaux marins.
Nous réalisons à chaque fois la chance que nous avons de pouvoir nous « poser » dans ces endroits sauvages sans aucune difficulté. Les gardiens viennent nous voir et sont toujours prévenants et agréables. Les enfants sont ravis et ils passent leur journée à « chasser » les guanacos et les moutons et le soir, tous munis d’une lampe frontale, ils cherchent le tatou.
Pour les parents, le week-end est souvent synonyme de bricolage, rangement, dépoussiérage (c’est fou le temps que l’on passe à ranger dans ce camping car )! Mais, rassurez-vous, nous trouvons toujours le temps de siroter un petit verre de vin argentin au soleil couchant…
Après un réapprovisionnement complet à Comodoro Rivadia en eau, gasoil et nourriture ( Carrefour est présent dans chaque ville, nous n’arrivons pas à nous en désintoxiquer c’est un cauchemard ! ), nous prenons la route vers Sarmiento, petite ville à l’ouest sans grand intérêt si ce n’est qu’à 30 km de là se trouve le Bosque Petrificado José Ormachea. Il s’agit en fait d’un territoire désertique, où ont été charriés il y a environ 65 millions d’années, des troncs d’arbres pétrifiés provenant de forêts ayant subi une forte activité volcanique. Le sol est jonché de morceaux de bois plus ou moins gros tous transformés en pierre. Le tout se trouve dans un décor lunaire, vallonné et entouré de falaises striées de rouge et d’orangé… de quoi dynamiser le photographe le moins inspiré (ce qui n’est pas le cas d’Olive je vous rassure !)
Nous arrivons sur le site vers 17h, en bon camping caristes avertis, c’est l’heure de trouver le bivouac pour la nuit. Nous demandons au gardien si nous pouvons passer la nuit sur le parking devant l’entrée, il refuse, mais nous autorise à dormir à 500 m de là. Avec Greg, Isa et leur 3 filles, nous dressons le campement dans un décor désertique. Dommage, ce soir le vent est violent et glacial, il fait gris et nous ne pouvons pas vraiment apprécier ce paysage.
Heureusement, le lendemain c’est un soleil radieux qui nous accueille au saut du lit.
C’est même sous un soleil brûlant que nous avancerons péniblement lors de notre excursion entre les troncs pétrifiés.
Le climat est vraiment étonnant dans cette partie de l’Argentine, il nous arrive souvent de passer du débardeur-short-tongues au jean-polaire-chaussettes dans la même journée ! Mais c’est bien là notre seul souci, alors…nous acceptons volontiers les caprices de la météo patagonne !!!