Archives par étiquette : Bolivie

25 juin 2009 : Titicaca nous voilà.

Jeudi 25 juin. L’arrivée sur La Paz est à plus d’un titre, impressionnante. D’abord, il faut réussir à se frayer un chemin dans la circulation complètement dingue de El Alto,

autrefois quartier populaire de la capitale et aujourd’hui ville banlieue à part entière. Les feux et les policiers présents n’arrivent pas à réguler le flot de bus et de voitures qui se collent les uns aux autres et forcent le passage à petit coup de klaxon ( nous, nous n’en avons plus, alors on joue la prudence…) au milieu de tous ces fous du volant, les vendeurs ambulants proposent toute sorte de choses et les mamas boliviennes, cuisinent sur le bord du trottoir ( ça donne envie !) Il n’y a rien à dire, cette ville est plus que vivante !

Nous nous rendons à l’usine de gaz pour remplir nos bouteilles . Les employés malaimables refusent de remplir nos bouteilles argentines et nous envoient à une autre usine située à plus de 10km de là… Info ou intox ? Nous trouvons l’usine, mais celle-ci est fermée depuis 6 mois ( intox !) Sur la route du retour, nous croisons un camping-car français, il s’agit de l’équipage de “ Paris-Paname”, une famille fort sympathique que nous rencontrons pour la première fois. Echange d’infos sur nos expériences mutuelles. Eux aussi se sont faits refoulés à l’usine de gaz, alors nous n’insisterons pas…

Après un second passage éprouvant dans El Alto, nous amorçons la descente vers la capitale la plus haute du monde… La ville est construite à flanc de montagne

et le panorama est vraiment étonnant.

Les quartiers pauvres sont sur les hauteurs et les quartiers plus riches, voir très chics sont en contrebas,

à environ 3200 m d’altitude, la vie y est forcément beaucoup moins rude. Nous avons l’adresse d’un hôtel qui accueille les voyageurs sur un grand parking. L’hôtel tenu par un suisse est dans les beaux quartiers. En arrivant, nous y retrouvons d’autres voyageurs déjà rencontrés ( Les thilles ) et d’autres,

avec qui nous faisons connaissance, c’est le cas de Marie-Jo et Sauveur, qui voyagent avec leur grand fiston de 16 ans. L’hôtel a un jardin fort agréable avec jeux pour enfants, une piscine couverte et un jacuzzi

et oh! grand luxe, un service de laverie ainsi que la wifi. Nous n’avons pas envie de rester trop longtemps , comme je l’ai déjà dit, les grandes villes sont peu adaptées à notre style de voyage.

Vendredi, petite visite chez Iveco. Notre batterie montre des signes de faiblesse et nous voulons profiter de la garantie pour la faire remplacer. Les employés du garage sont très sympa, ils défilent à tour de rôle dans le camping-car pour visiter et prendre des photos. Par contre, ils n’ont aucune pièce susceptible de nous intéresser et doivent demander l’autorisation à Iveco Argentine dont ils dépendent, pour faire fonctionner la garantie internationale. Autre réparation nécéssaire: les placards… Ceux-ci sont très grands, évidemment bien remplis et pas suffisamment soutenus pour supporter les secousses. Résultat, ils ne ferment plus et s’affaissent dangereusement.

Nous trouvons deux menuisiers qui nous réparent tout en 2 heures pour la modique somme de…15 euros !

Samedi, j’emmène les enfants dans un parc pendant qu’Olivier va aux nouvelles chez Iveco. Les enfants s’amusent sur les nombreux jeux et se mêlent aux petits boliviens. Samedi soir, nous jouons la carte gourmandise et allons dîner au restaurant de l’hôtel, la réputation de leurs raclettes et fondues n’est plus à faire…
Dimanche, nous nous décidons enfin à visiter La Paz.

Le taxi nous emmène dans le centre. Nous suivons l’itinéraire touristique et remontons successivement de petites rues étroites où sont concentrés les vendeurs de tissus,

ponchos et autres articles textiles.

Nous craquons pour quelques pièces qui décoreront à merveille notre future maison !!! Une autre rue nous conduit au marché des sorcières, sur les étals, des foetus de lamas, de nombreux onguents et autres bizarreries. Et puis dans une autre rue, des revendeurs de DVD copiés par milliers. Ici, tous les marchands sont regroupés par thème, la rue du pain, la rue des fruits, la rue de la quincaillerie… La Paz n’est pas une ville très séduisante.

Lundi, nous laissons une nouvelles fois BEF chez Iveco et pendant ce temps nous parcourons d’autres quartiers de la ville. Pour aller d’un endroit à l’autre, nous prenons le taxi et à chaque fois, tour de manège garanti dans les ruelles étroites, au milieu des nombreux mini-bus et autres voitures !!! En fin d’après-midi, nous récupérons BEF doté d’une batterie neuve et d’un beau klaxon puissant !
Jeudi 25 juin, nous quittons La Paz, à nouveau nous bouchonnons dans El Alto,

mais cette fois, Olive se régale avec son gros klaxon et rivalise avec les locaux ! Direction Copacabana et le lac Titicaca . la route est très belle, au loin se dressent les sommets enneigés de la cordillère royale et nous parcourons une dernière fois la campagne bolivienne.

60 km après avoir quitter La Paz, nous apercevons dans le coucher de soleil, le fameux lac sacré des Incas…
Pour atteindre la ville de Copacabana, il faut traverser le petit détroit de Tiquina et la barge est obligatoire pour les piétons comme pour les véhicules.

BEF prend place sur une barge derrière un bus. La place est juste, Olivier l’accompagne tandis que moi et les enfants devont prendre un petit bateau pour traverser le détroit. De loin, nous observons les bateliers et Olivier qui munis d’une perche essaient de pousser la barge au large. Que se passet-il ? BEF serait-il trop lourd ? Nous sommes débarqués depuis un petit moment et Olivier est toujours sur l’autre rive… Enfin ça y est, la barge avance, espérons qu’elle est assez solide et que notre bon BEF ne va pas finir au fond du lac !!!

Le temps pour moi de prendre quelques images pour le prochain “clip”, et voilà notre maison roulante qui arrive à bon port… Olivier nous racontera que la barge était enlisée, et qu’ils étaient une dizaine à essayer de la dégager… BEF : Trop lourd !!! Encore une trentaine de kilomètres sur une route surplombant le lac et nous arrivons à Copacabana…

Un petit air de vacances flotte sur cette station balnéaire très fréquentée.

Nous nous posons sur la plage, où nous retrouvons Claude et Alain, couple de voyageurs déjà rencontrés à plusieurs reprises. Avec eux, nous mangerons une excellente truite (élevée dans le lac) dans un des nombreux petits resto-barraques qui longent la plage. Pour la digestion, un peu d’exercice : nous prenons la direction du calvaire situé en haut d’un cerro qui surplombe la baie.

L’ascencion est plus que ardue, nous nous arrêtons tous les 20mètres pour reprendre notre souffle

(alt : 3 960m). Une fois en haut, la vue sur le lac est réconfortante,

nous plaignons les nombreux vendeurs de boissons, friandises et souvenirs, qui empruntent ce chemin tous les jours !!!

Samedi matin, il y a foule devant la cathédrale,

les voitures, les bus et camions se parent de fleurs et de décorations avant de recevoir la bénédiction du prêtre… BEF sera décoré lui aussi, mais ne recevra pas d’eau bénite…

La cathédrale est très belle

et derrière l’autel se dresse la célèbre sculpture de la Vierge de Copacabana à laquelle on attribut de nombreux miracles.

Dimanche matin, nous retrouvons par hasard Caroline et Olivier les 2 cyclistes géologues que nous avions déposés un mois plus tôt au Sud Lipez.

Les retrouvailles se célèbrent autour d’une truite !
Nous décidons de prendre ensemble un bateau privé pour faire l’excursion sur L’Isla Del Sol .

Cette île est la plus emblématique du lac Titicaca, car selon les croyances Incas, elle a vu naître le soleil ainsi que le premier couple du peuple Incas.

Départ prévu à 7h30… Olivier et Caro se sont chargés d’apporter le petit dèj, que nous dégusterons une fois sur l’île. Après 2 h de bateau, nous débarquons au nord de l’île et notre capitaine nous donne rendez-vous pour le retour à 16h précises au sud de l’île. On s’installe sur une plage, devant les eaux cristallines du lac…

on prend le petit déjeuner et on s’émerveille devant tant de beauté…

Au nord de l’île, après une petite heure de marche nous atteignons les ruines de Chincana qui comprennent le Palacio del Inca,

sorte de labyrinthe de murets et de petites portes,

puis la Mesa Ceremonica sûrement une table de sacrifice et enfin,

le fameux rocher du puma ou Titi Khar’ka au sein duquel le soleil aurait fait sa première apparition, ainsi que la lune et le couple fondateurs de l’empire Inca .

Nous distinguons les 4 niches de la légende, creusées dans le rocher.
Pas de temps à perdre maintenant nous avons l’île à traverser du nord au sud et pour ce faire, un peu moins de 4h. La ballade sera dure,

nous évoluons sur la crête de l’île, bénéficiant ainsi d’un panorama fabuleux sur le lac.

A près de 4 000m d’altitude, notre rythme n’est pas très rapide, les enfants se plaignent un peu au début mais ils finiront la randonnée en tête de peloton.

2500 personnes environ habitent sur l’île et sont divisés en 3 communautés. C’est ainsi que nous devons nous acquitter d’un droit de passage pour passer d’une communauté à l’autre. Ce péage impromptu nous fait sourire et nous donne l’occasion d’une photo.

Nous atteignons maintenant le sud de l’île. Un grand escalier l’Escalera Del Inca nous permet de redescendre sur la plage, là où doit nous attendre notre bateau.

Il est 16h30, nous sommes en retard et le bateau n’est pas là !!! Le capitaine aurait-il eu la mauvaise idée de ne pas nous attendre ? Apparemment, personne n’a vu son bateau, c’est plutôt bon signe, il a du être retardé…Nous attendons, il commence à faire froid et les derniers bateaux collectifs qui assurent la liaison entre l’île et Copacabana, sont partis depuis bien longtemps ! Les insulaires curieux viennent nous voir et l’un d’entre eux nous propose de nous ramener pour 400 bolivianos ( un peu plus que ce que nous aurions du payer pour l’aller et retour ) aprés une négociation serrée et vu que nous n’avons pas du tout envie de passer la nuit ici, nous acceptons de rentrer avec lui pour 200 bol. Heureusement nous n’avions pas versé la totalité de la traversée au marin d’eau douce de ce matin qui nous a posé un lapin…
Caro et Olivier qui n’en sont pas à leur première arnaque bolivienne, sont un peu sur la défensive…Nous embarquons et quelques km plus loin, le pilote stoppe le moteur et nous demande de payer. Olive lui fait une blague en lui tendant 150 bol, mais l’autre n’a pas le sens de l’humour et lui en réclame 250 ! Bon maintenant, ça commence à bien faire, ON VEUT RENTRER et pas à la nage ! Les 2 Olivier perdent leur sang froid et il en faut peu pour que l’arnaqueur ne finisse dans le lac ! Devant leur air menaçant, le bolivien prend les 200 bol et redémarre. Il nous ramenera sur le continent à une vitesse minimale, mais on s’en moque, le paysage est superbe !

Pour nous, cela aura été la seule tentative “d’escroquerie” dans ce pays, c’est sûr, en tant que touristes nous sommes trés sollicités et on a souvent l’impression que les commerçants abusent, aucun prix n’est indiqué, alors c’est un peu à la tête du “ gringo”…
Demain nous quittons la Bolivie, après un mois de découverte. Nous n’en avons vu qu’une partie, celle des Andes et des hauts plateaux, mais partout, la nature y est splendide, malheureusement pas beaucoup respectée si l’on en juge par le nombre de déchets qui jonchent les talus et les rivières. Nous avons apprécié les boliviens, respecté leurs traditions et adoré leurs artisanats. La cuisine ne restera pas un grand souvenir, mais n’aura pas non plus trop affecté notre budget…
Mardi 7 juillet, nous passons la frontière et entrons au Pérou. Simple formalité, douaniers très avenants, seul petit bémol, on nous prévient que toutes les routes sont bloquées.

Depuis plusieurs semaines le pays est en crise et les conflits sont nombreux entre les indiens et le gouvernement qui souhaite privatisé une grande partie des ressources du pays. Les bloqueos durent 3 jours en général. La première ville est Yunguyo, triste, peu attrayante, je n’ai vraiment pas envie de rester là 3 jours ! Je sors la carte et nous décidons d’un itinéraire bis pour rejoindre la ville de Puno, notre prochaine destination. Une piste semble pouvoir nous faire éviter le bloqueo. Nous voyons des pierres sur la route, de temps en temps du verre brisé, mais rien qui nous empêche de rouler. Les gens nous font de grands signes pour nous stopper, certains bien imprégnés de bierre nous conseillent de faire demi-tour… Au bout de quelques km, un gros tas de terre barre la route et nous enlève tout espoir. Nous sommes contraints d’attendre. Sur les conseils d’un passant, nous trouvons un bivouac agréable sur une plage toujours au bord du lac. Je rumine, Olivier lui est plus zen et les enfants eux retrouvent le sable avec plaisir…
Le lendemain matin, en haut de la colline qui surplombe la plage, des gens nous font de grands signes, les enfants et Olivier vont leur dire bonjour et c’est ainsi que nous faisons la connaissance de Lucio et de sa famille.

Olivier fait des photos avec eux et tout le monde vient visiter le camping car.

Lucio et sa fille Diana, du même âge que Lola nous emmènent voir leur troupeau d’alpagas. Pour nous, ils les attrapent,

nous pouvons ainsi les caresser et apprécier la douceur incroyable de leur laine.

Pendant que nous discutons sur la plage, de jeunes mariés et leurs convives viennent faire quelques pas de danse et boire quelques litres de bière…

Le lendemain matin, les paysans reviennent chercher leurs photos imprimées et nous offrent plusieurs kilos de pommes-de-terre pour nous remercier. Nous discutons longuement avec Lucio, autour d’un atlas et nous parlons de l’Europe, du monde, de son pays, du nôtre… Vendredi matin, lorsque vient l’heure du départ,

ils nous invitent à prendre de l’eau chez lui, il est tout ému au moment de dire au-revoir aux enfants et à vrai dire,

il n’est pas le seul… Ces 3 jours de stand-by forcé nous ont permis de rencontrer ces gens simples, curieux , ouverts et tellement attachants.
Sur la route de Puno, le bloqueo est bien levé, il reste quelques pierres par endroit et des traces de pneus brûlés.

Puno est une grande ville située au bord du Titicaca et sert de point de départ aux excursions vers les autres îles du lac. Nous réservons un bateau pour aller sur les îles Uros dés le lendemain. L’après-midi, nous prenons la moto-taxi puis le vélo-taxi pour nous rendre au centre-ville. Ce moyen de déplacement est très répandu au Pérou et c’est plutôt pratique.

Le soir nous dormons près de l’embarcadère.

Les îles flottantes,

imaginées par les indiens Uros, sont entièrement réalisées à la main avec les roseaux(totora) qui poussent en abondance dans le lac.

Les îles sont composées de plusieurs couches de ces roseaux et ont une épaisseur d’environ 2 à 3 m. Sur ces petites îles au nombre de 40, des familles vivent dans des maisons en roseaux, se déplacent sur des barques en roseaux et survivent du tourisme et de la pêche.

Aussitôt débarqués sur l’une de ces îles, les femmes nous accueillent très chaleureusement

et nous entraînent tout aussi chaleureusement vers leurs étals de souvenirs et d’artisanat.

Elles sont vétues de couleurs très vives, certaines portent de longues tresses avec de nombreux pompons,

avec le jaune des roseaux séchés et le bleu du lac, c’est un festival de couleurs. Je réclame ma ballade sur un belle embarcation de paille, juste pour le plaisir des sens…

Une famille nous accompagne et les 2 petites filles s’empressent de nous chanter quelques airs , contre une petite “contribution”bien évidemment…

Nous visitons une deuxième île, une femme brode, nous allons la voir et sans harcélement, il nous est beaucoup plus agréable d’acheter un petit souvenir !

Notre ballade autour du sompteux lac Titicaca se termine. Malgré un tourisme de masse et ses effets pervers, nous avons apprécié ce lieu riche en histoire et en légende…
Prochaine étape, Cusco et la vallée sacrée…tout un programme !

Article suivant …

10 juin 2009 : Sur les routes Boliviennes

La Bolivie en quelques chiffres :

-9 millions d’habitants pour un territoire 2 x grand comme la France.

-monnaie : le boliviano ( 1 euro = 10 bol )

-3 langues officielles : l’espagnol, le quechua et l’aymara.

-70 % de la population en dessous du seuil de pauvreté.

Mercredi 10 juin, dés notre sortie du magnifique salar d’Uyuni, nous nous dirigeons vers notre première ville bolivienne qui n’est autre que Uyuni.

De la Bolivie pour l’instant, nous n’avons vu que de sublimes paysages et très peu de boliviens…A Uyuni, nous allons vite être projetés dans la réalité de ce pays…A la différence de l’Argentine et du Chili, ici, nous nous sentons tout de suite dépaysés. D’abord par les tenues des femmes,

certes la jupe boule plissée n’est pas des plus avantageux pour leur silhouette, elles portent toutes quelquechose sur le dos dans un grand tissu noué autour du cou,

les jeunes mamans portent leurs enfants et les plus agées, leurs courses ou leurs camelotes qu’elles s’apprètent à vendre sur le marché. Sur la tête, un chapeau de paille ou de feutre et deux longues nattes.

Les enfants ont tous comme point commun les joues tannées voir brûlées par le soleil andin et la morve au nez ! Mais que ces gens sont souriants, curieux et agréables !

Dans cette ville, il fait un froid glacial, mais tous les habitants sont dans la rue, cuisinent, vendent des boissons, des friandises, des jus de fruits.

Dans le mercado central, nous trouvons de nombreux légumes et fruits, à des prix très attractifs. Les femmes, car les étals sont essentiellement féminins, sont couvertes avec de nombreuses couvertures et d’énormes chaussettes, dans leurs petites sandales… Pour le déjeuner, tous les restaurants proposent un “almuerzo”, c’est le menu du jour, composé d’une soupe,

d’un plat principal et d’un dessert pour la modique somme d’environ 20 bolivianos (2 euros) et en plus, c’est bon! Les enfants adorent les soupes et le service est hyper rapide. Nous passons une seule nuit glaciale un peu à l’abris du mur du cimetière de la ville(tous les bivouacs ne sont pas de rêve !) Le lendemain matin,

après une visite ludique au cimetière des trains,

véritable terrain de jeux

pour toute la famille,

nous reprennons la route vers une ville emblèmatique du pays : Potosi.

La piste qui relie les 2 villes nous a été annoncée comme très mauvaise et en travaux. Heureusement, ce jeudi 11 juin est un jour férié ici et la route ne sera pas encombrée par les engins de chantier. La piste monte, tourne, descend, remonte tout cela à une altitude de plus de 3 500m,

le moteur et l’embrayage de BEF sont une nouvelle fois mis à l’épreuve, mais la faille ne viendra pas de ce côté, après une vingtaine de kilomètres, un pffeuu suivit d’un claq claq nous annonce notre première crevaison !!! C’est le pneu avant gauche qui a rendu l’âme. Courage Olive, il faut vider toute la soute pour attraper l’échelle qui te permettra de monter sur la galerie pour prendre le cric qui est dans le coffre de toit…nous avons un cric de 3,5 t, BEF frôle les 4,5 t réussira t-il à soulever la bête ? OUI, en à peine une heure, mon mécano de mari changera la roue, rangera tout son matériel dans la soute et dans le coffre de toit et aura même le temps de nous faire une réparation de fortune sur le filtre à air qui se ballade à cause des nombreuses secousses …

Nous pouvons désormais cocher sur notre liste du parfait bourlingueur :

– enlisement : c’est fait.

– crevaison : c’est fait.

Vendredi 12 juin, nous arrivons enfin à Potosi.

La ville a été construite au pied du Cerro Rico, montagne majestueuse de plus de 4 800m et source de toutes ses richesses.

1544, un jeune berger péruvien part à la recherche d’un de ses lama égaré dans cette montagne. Surpris par la nuit, il fait un feu pour se réchauffer. Sur le sol, à l’endroit du foyer, il voit alors sortir de la terre un métal coulant. Il vient de découvrir le secret du Cerro Rico : cette montagne regorge d’argent. Ce gisement devient vite la priorité des colons espagnols, 10 ans après sa création, Charles Quint donne à la ville de Potosi le titre de ville impériale. Potosi devient la plus grande cité d’Amérique du sud et rivalisera même au XVII ème siècle avec Paris et Londres. Les gisements d’argent semblent inépuisables et feront la fortune des espagnols pendant près de 3 siècles. En contre partie, le nombre de vies humaines sacrifiées sur l’autel du profit est incalculable. Les indiens meurent par milliers ainsi que les esclaves noirs amenés d’Afrique. Pour imager cette époque, on parle de 2 ponts. Pour relier Potosi à Madrid, le premier pourrait être en argent (environ 30 000 t extraites) et le second réalisé avec les ossements de tous les mineurs morts dans ces mines!

Aujourd’hui, de nombreuses mines sont encore exploitées,

le Cerro Rico est un vrai gruyére et les conditions de travail des mineurs ne se sont guère améliorées, ils se sont regroupés en coopératives privées. Samedi 13 juin, nous allons leurs rendre visite. Notre guide nous explique en français, le petit rituel qui entoure la visite. Premièrement, le mini-bus nous emmène au marché des mineurs.

Il est de bon ton d’apporter quelques présents à ces travailleurs de l’ombre. Au choix, nous pouvons leur apporter des boissons, des biscuits, mais le plus prisé reste le sac de feuilles de coca avec la petite bouteille d’alcool de canne à sucre ( 96º). Nous achetons également un kit d’explosifs,

utilisés pour décrocher le minerai de la roche. Ensuite, direction l’habillage, nous revêtons des tenues appropriées à la descente dans la mine.

Nous montons ensuite vers le Cerro. Sur un immense terril qui surplombe toute la ville, le guide nous fait une petite démonstration d’explosion.

La force de la détonation nous surprend tous. Une fois les lampes ajustées sur les casques, nous entrons dans une des nombreuses galeries souterraines.

Claustrophobes s’abstenir, les tunnels sont étroits, très bas et bien sûr très sombres. Nous nous arrêtons devant une drôle de statue qui n’est autre que le divin El Tio, sombre divinité inventée par les colons pour garder le contrôle sur les indiens…

Régulièrement, les mineurs se livrent à un petit rituel pour s’assurer de la protection d’El Tio. Ils lui versent de l’alcool, lui offrent des feuilles de coca et des cigarettes. Nous réalisons ce petit rituel et puisque Tio fume notre cigarette, cela est bon signe, il nous accepte dans sa mine (ouf !) Malheureusement, nous sommes samedi et les mineurs ne travaillent pas (erreur de notre part, le routard le signalait), nous avançons dans la mine en marchant entre les rails et par endroit nous sommes courbés en 2, ici la sécurité est minime, les voûtes des galeries sont soutenues par de simples morceaux de bois, au-dessus de nos têtes, 16 étages de galeries comme celle-ci. Le bus nous emmène ensuite vers une autre mine, à la recherche d’éventuels mineurs.

L’entrée est très basse et la ridicule hauteur des galeries ne facilite pas notre progression. Le guide nous montre une veine d’argent et de zinc. Nous rencontrerons au fond d’une cavité un mineur sûrement placé là pour que nous ne soyons pas trop déçus !!!

Même sans les avoir vu travailler, il n’est pas difficile d’imaginer les conditions de travail épouvantables de ces hommes encore aujourd’hui, au XXI ème siècle. La séquence frisson n’est pas encore terminée, puisque maintenant, nous allons assister à un sacrifice de lama. C’est la “Fiesta Del Espiritu” et l’occasion pour les mineurs de remercier la Pachamama et de lui demander sa protection et sa générosité.

Pour ce faire, un pauvre animal va avoir la gorge tranchée ! Le sang récolté est jeté sur l’entrée de la mine, le spectacle est un peu gore (si BB voyait ça !!!) mais il s’agit là d’actes et de coutumes ancestrales pour ces peuples indigènes.

La viande de lama est ensuite cuisinée par les femmes et dégustée par toute la communauté.

La ville de Potosi est classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1987, d’une part pour son histoire mais aussi pour son incroyable richesse architecturale.

Dans ses rues étroites et sinueuses, nous admirons les façades colorées,

dans l’ensemble bien entretenues.

Pas moins de 80 églises ont été érigées dans la ville.

La visite de la ville la plus haute du monde (4 000 m) est rude et se fait dans un froid glacial.

Dimanche 14 juin, visite de la “Casa de la Moneda”,

c’est dans ce splendide bâtiment qu’ont été frappées les premières pièces de monnaie en argent bien sûr, destinées au royaume d’Espagne.

Le soir, nous fêterons les 7 ans de Lola

autour d’un bon gâteau au chocolat après avoir longuement hésité avec les somptueux gâteaux de toutes les couleurs qui trônent près du mercado central !!!

Lundi soir, nous retrouvons le calme de la nature près de l’Ojo del Inca.

Cette lagune parfaitement circulaire est en fait un cratère rempli d’une eau à la température clémente de 35º.

L’eau chargée en minéraux volcaniques auraient des vertues apaisantes pour la peau. Au petit matin, nous nous glissons avec délice dans cette lagune. Après une heure de baignade (2 pour les enfants),

le plus dur c’est de sortir de l’eau et oui, nous sommes encore à plus de 3 500m d’altitude et dehors il FAIT FROID !!!

Notre prochaine direction est la ville de Sucre, capitale constitutionnelle du pays et considérée comme la plus belle ville de Bolivie.

Sur les conseils d’autres voyageurs, nous nous installons sur une petite place proche du centre-ville.

L’endroit est idyllique pour les camping caristes que nous sommes. Le quartier résidentiel est des plus tranquilles, nous sommes à 15 minutes à pied du centre, proche du seul supermercado de la ville et comble du luxe, nous avons un bon wifi…

Tous les bâtiments coloniaux ainsi que les immeubles, maisons et commerces du centre, sont blancs.

Cela tranche avec le bleu profond du ciel et le vert des jardins qui sont largement arrosés toute la journée par des employées de la ville.

La ville est très propre, assez riche. Nous visitons un ancien couvent, aujourd’hui transformé en école privée,

afin d’accéder au toit

et de jouir d’une vue panoramique sur la ville.

Nous visitons également un musée très intéressant sur l’art textile et son évolution depuis plusieurs siècles. La richesse, la créativité la finesse des motifs font de ces tissus et tapis de véritables chefs-d’oeuvre. Le savoir-faire des différentes communautés de tisseurs (Jalq’a,Tarabuco,Chu’tas…) a bien failli se perdre et heureusement grâce à certaines associations, aujourd’hui cet art connait un nouveau souffle. Nous apprenons de nombreuses choses sur les vêtements, la spécificité des couleurs choisies selon les tribus ou selon l’usage des pièces d’habillements. Dans le patio, nous pouvons regarder deux femmes tisser et nous admirons leur patience et leurs gestes précis (photos interdites).

Samedi après-midi, nous nous éloignons de la grande ville et prenons la route vers Tarabuco,

ce grand village propose tous les dimanches un des marchés les plus typiques et des plus réputés de Bolivie. Dimanche matin, nous observons l’arrivée des différents “exposants”, nombreux arrivent avec leurs ânes,

ou simplement en portant sur leur dos leurs précieuses marchandises. Nombre d’entre eux portent la tenue traditionnelle de leur groupe ethnique et nous retrouvons dans la rue ce que nous avons vu la veille dans le musée !

A peine arrivés sur la place du village, nous nous faisons interpeller de tous les côtés, Olivier dans le rôle du grand et Lola dans le rôle de la blonde, cela suffit à détourner sur nous tous les regards…La concurrence est rude entre tous les marchands, l’endroit est touristique et nous redoutons un peu de nous faire avoir.

Nous marchandons un peu et repartons avec un poncho pour Lola, un tissu et un bonnet anciens tissés à la main. Les 3 heures passées sur ce marché ont été épuisantes et à la fin, nous repoussons sans scrupule les assauts de tous les revendeurs.

Sur la route du retour, nous serons les “saint-bernard” d’un groupe de touristes anglo-français . Leur bus a crevé et ils n’ont pas de cric.

Fier de sa nouvelle acquisition Olive leur prêtera son beau cric 10 t tout neuf !!!

Notre prochaine destination est La Paz à 750 km, nous avons le choix entre la belle route asphaltée et la ruta 6, piste qui traverse des villages de tisserands. Soyons fous, prenons la piste !!! Vitesse moyenne, 25 km/h, ça monte, ça descend , ça secoue, ça tremble,

…mais c’est terriblement beau.

Nous sommes au coeur de la Bolivie, telle que l’on se l’imagine. Ici, le temps s’est arrêté, les bergers surveillent leur troupeau de brebis, moutons ou lamas,

ils portent le poncho et le bonnet traditionnel. Dans les nombreux champs, les hommes et les femmes travaillent,

ils nous saluent toujours souriants et semblent se demander mais quel est ce véhicule étrange qui emprunte cette piste d’habitude réservée aux camions bondés

qui remplacent les bus, ou aux ânes ?

Nous nous arrêtons au premier grand village, Rabelo, ici nous ne trouverons pas de tisserands, mais nous ferons l’animation à l’heure du déjeuner. Sitôt garés, tous les enfants du village s’attroupent autour de nous, nous organisons une visite guidée de notre “Casa Rodante”,

les enfants s’agglutinent à bord et écoutent nos explications très impressionnés. Nous leur montrons notre parcours sur une carte, ils ne savent pas où se trouvent la France,

mais je ne suis pas sûre qu’en posant la question:” où se trouve la Bolivie ?” à nos petits écoliers français, qu’ils sachent nous répondre… Petit moment de bonheur pour eux comme pour nous. Les femmes visitent également et ont les yeux qui brillent devant tant de confort. L’une d’entre elle nous offrira même des biscuits pour nous remercier. Séance photo avec tous ces charmants enfants.

Nous repartons, nous traversons d’autres villages en adobe.

Ces villages pour la plupart ont l’eau potable, grâce aux programmes de l’Unicef et il y a des écoles. Le président Evo Morales a semble-t-il fait beaucoup également pour ces populations villageoises.

Nous mettrons 2 jours pour parcourir 200 km, mais nous ne regrettons pas notre intrusion dans cette partie reculée du pays et ce contact direct avec ces populations. Les villageois chanceux que nous avons pris en stop, se souviendront longtemps de ce drôle de vaisseau blanc qui un jour a croisé leur route…

Mercredi 24, nous arrivons à Tiwanacu. Cette civilisation préinca a connu son apogée entre l’an 700 et 1200 de notre ère, les constructions étaient parfaitement rectilignes et les blocs de pierre immenses qui forment les murs d’enceintes sont ajustés au mm.

C’est sur ce site que nous allons pouvoir admirer la fameuse “porte du soleil”,

bloc de grès de 40 tonnes gravé de symboles (repris par Hergé pour les aventures de” Tintin et le temple du soleil”). Les ruines font l’objet d’un grand chantier de rénovation et de fouilles, nous sommes d’ailleurs très étonnés de voir des familles entières au travail sur ce site classé.

Nous pouvons admirer d’énormes monolithes,

pour certains à l’abris dans une salle du musée. Dans le temple semi-souterrain,

170 têtes sculptées nous observent

et inspirent nos deux petits photographes en herbe.

Le 21 juin a encore lieu sur ce site, la fête du solstice, célébrée par de nombreuses communautés indigènes … Le culte du soleil n’est pas mort !!!

Prochaine destination : La Paz

PS : En lisant vos nombreux commentaires qui nous réjouissent (il faut continuer!!!), nous nous rendons compte que vous voyagez avec nous. Vous aurez sans doute remarqué que nous mettons de plus en plus de photos dans les articles pour vous montrer le plus de choses possibles, et vous donnez envie peut-être à votre tour de fouler ce merveilleux continent sud-américain. Vous nous réclamez aussi des vidéos, des clips…soyez patients…il faut que les idées mûrissent…et surtout que notre chef réalisateur se motive !!!

En tout cas, ne changez rien et continuez à “commenter”nos carnets de route et à nous donner de VOS nouvelles.

Article suivant …

26 mai 2009 : Une autre planète

 

Mardi 26 mai : une fois la frontière chilienne passée, nous arrivons à San Pedro de Atacama,

ce village ultra-touristique,

haut-lieu de rencontre des voyageurs du monde entier, est situé au bord du désert d’Atacama. Nous prenons nos quartiers au camping Los Perales, situé à 100m de la rue piétonne.

Nous y retrouvons la famille Parcé. Dés le lendemain, nous dressons la liste des choses “à voir” et “à faire”et elles sont nombreuses dans le coin. Première sortie prévue : observation du ciel.

Un astronome français a installé un observatoire pas très loin de San Pedro, ici le ciel est extrêmement pur ce qui en facilite l’observation. Pendant 2h, nous aurons la tête dans les étoiles et le nez en l’air !!! Toutes les explications sont en anglais, pour les enfants c’est un peu barbant, mais lorsqu’ils mettent l’oeil au télescope géant pour apercevoir les anneaux de Saturne, là ils sont bleuffés. Moi personellement, c’est la lune qui m’a ébloui…

et puis, les nébuleuses, les constellations,la milky way ( et non, ce n’est pas seulement une barre chocolatée ! ) ces milliards d’étoiles qui scintillent, dont certaines, les plus brillantes, seraient 1000 fois plus grosses que le soleil ! Tout cela est fascinant et nous ramène à la minuscule place que nous occupons dans l’univers…

Jeudi matin, c’est la ballade à cheval qui est programmée. Les enfants trépignent d’impatience ! C’est une française qui propose les ballades, mais les 2 guides forts sympathiques qui nous accompagnent sont chiliens.

Chacun prend place sur sa monture, les selles rembourées en peau de mouton sont assez confortables.

Belle ballade de 2h dans le désert au pied de la cordillère de sel et beaux moments de rigolades.

Pour le déjeuner, nous avons repéré la devanture d’un resto du nom de “La Cave”, tenu lui aussi par un français. Michel, toulousain est installé au chili depuis de nombreuses années. Ce charmant endroit va vite devenir notre cantine. Vendredi, le vent se lève et le camping étant très poussiéreux nous décidons de partir nous mettre l’abris dans une petite vallée recommandée par les guides.

Erreur, nous sommes dans le désert le plus arride du monde, ici on trouve du sable, des cailloux, du sel mais pas d’abris !!!

Tampis, allons vers le salar d’Atacama, au moins en roulant nous serons un peu protégés. BEF passe le premier, Olive se régale de rouler sur les pistes douteuses qui traversent le salar.

Greg et Isa nous suivent avec la caravane, mais soudain le sol devient un peu plus mou et ils s’ensablent.

Tout ceci se déroulant en pleine tempête de sable. Enfin, quelques pelletés de sable plus tard,

nous repartons…

Samedi matin le vent semble s’être calmé, aujourd’hui au programme, nous avons la Valle de la Muerte .

Son nom viendrait d’une déformation de “Marte” qui signifie Mars. Le paysage est en effet une succession de falaises et de dunes de sable dans un ton ocre monochrome, qui peut faire penser aux paysages martiens que nous connaissons. Nous avons loué des sandboards pour surfer sur ces immenses dunes,

l’excercice n’est pas aisé,

surtout que le vent se lève à nouveau et que pour être polie, nous en prennons plein la “poire”.

Mais cela ne nous empêche pas d’apprécier ce paysage surprenant.

Après la planéte Mars, direction la Valle de la Luna.

Nous espérons pouvoir y bivouaquer à l’abris… Ce ne sera pas possible,

mais cela n’enlèvera rien au charme de cet endroit vraiment splendide.

Il est 17h, nous décidons sur un coup de tête d’aller voir les geysers de Tatio, à quelques 100 km de route. Les geysers sont surtout actifs au lever du soleil, nous nous avançons le plus possible sur une mauvaise piste qui grimpe. Arrêt à 3 600 m pour la nuit, au dessus, il nous sera pénible de dormir et Isa et Greg n’ont plus de chauffage dans leur camion. La nuit sera courte et froide, réveil 4h30, il nous reste encore pas mal de km à parcourir avant d’arriver aux geysers situés à 4300 m d’altitude. Vers 6h30, nous apercevons les premières fumerolles.

Beaucoup de touristes sont là et se gèlent tout comme nous (- 10º) à regarder cracher ces trous dans le sol.

Aprés un bon chocolat chaud et avec les premiers rayons du soleil, le site nous semble plus accueillant et l’atmosphère qui s’en dégage est assez étrange.

Le phénomène des geysers est dû au choc thermique de rivières souterraines qui entrent en contact avec les pierres chaudes volcaniques,

un jet de vapeur plus ou moins puissant sort ainsi de la terre et atteint parfois 10m de haut.

Une petite piscine naturelle avec une eau à 28º ne tentera que les plus courageux d’entre nous…

Nous croiserons sur la route du retour

de nombreuses vigognes,

cousines éloignées, mais sauvages des lamas et puis de drôles de petits animaux moitié lapin moitié kangourou : les vizquachas.

Lundi 1er juin, nous célébrerons chez Michel, notre soirée d’au revoir avec la famille Parcé. Autour d’une bonne fondue, nous étoffons encore une fois cette belle amitié née pendant ce voyage. Nos routes vont s’éloigner, peut-être nous retrouverons-nous un peu plus loin dans ce voyage…

Mardi 2 juin, le réveil est difficile, la soirée d’adieux a laissé quelques traces, mais il faut se motiver, c’est aujourd’hui que pour la première fois nous allons fouler le sol bolivien.

Avec la famille Lebourg, nous attaquons le Sud Lipez… Cette région de la Bolivie compte parmi les plus isolées, les plus difficiles et les plus belles du pays. Nous espérons que le camping car tiendra la route, car par ici, le 4×4 est roi !

En quittant San Pedro de Atacama, nous empruntons d’abord une longue, très longue côte. La route est belle, asphaltée, mais en 45 km, nous sommes passés de 2 500m d’altitude à 4 800m. Dans le camping car, tout le monde se sent mal, Olive a des palpitations, moi une bonne migraine, les enfants ont mal au ventre et pour certains à la tête. Seuls Caroline et Olivier, les 2 cyclistes français que nous avons pris en stop semblent s’être bien acclimatés (eux, ils n’ont pas fait la soirée d’adieux de la veille) . Chez les Lebourg, mêmes symptômes, le manque d’oxygène se fait sentir et surtout, nous n’avons fait aucun palier d’ adaptation. Pour essayer de nous soulager, tisane et mastiquage de feuilles de coca pour tout le monde. Cette plante cultivée en Bolivie et vendue sur les marchés pour presque rien, est fortement consommée par les populations andines. Les gens ici la mâchent à longueur de journée. Ce n’est pas très bon, un peu amer, mais cela semble être assez efficace contre le mal des montagnes. La frontière bolivienne se passe assez vite, nous laissons Caroline,Olivier et leurs vélos dans un froid glacial, mais ils ont un moral d’acier…

Nous commençons notre périple du sud Lipez, par la laguna verde.

Cette lagune d’un bleu vert cristallin est au pied du majestueux volcan Licancabourg qui culmine à plus de 6 000 m.

Paysages d’une beauté innouie, dans un environnement extrème.

La laguna blanca ensuite, en partie gelée

et puis nous traversons le désert de Dali,

étendue de sable sur laquelle se dressent des rochers aux formes étranges et nous projette directement dans un tableau du maître du surréalisme.

Nous roulons sans encombre, les pistes sont dans l’ensemble correctes. Le soir, nous bivouaquons au bord de la laguna colorada autre joyau de la région.

Isa et Greg sont venus sans leur caravane, nous accueillons leurs 2 filles ainées Margot et Marie pour la nuit.

Dehors le thermomètre affiche – 23º, nous sommes à 4 300m d’altitude, seuls, perdus au milieu d’une nature grandiose et peu accessible, notre maison roulante s’est encore posée au milieu d’un jardin extraordinnaire ! La nuit a été agitée, comme souvent à des altitudes élevées. Nous reprennons la route et longeons la laguna colorada qui se teinte de reflets rouges.

Les flamands roses ajoutent de la couleur au spectacle…

Après le calme et la tranquilité des lagunes, nous retrouvons le bouillonnement de la terre…

A sol de Mañana, la terre est en colère, la vapeur des geysers, les trous de boues en ébullition, les fumées sulfureuses qui s’en dégagent et pourtant l’endroit est beau composé d’une palette de couleurs des plus variées.

Un peu plus loin,à la laguna Polques,

une autre piscine naturelle à 35 º, fera le régal des enfants, les parents trop frileux n’oseront pas se jeter à l’eau !

Ce premier contact avec la Bolivie nous a comblé, nous repartons du Sud Lipez des images plein les yeux. Cette nature sauvage, intense, extrême se mérite, mais quelles émotions et quels merveilleux souvenirs elle va nous laisser. Le soir, retour à San Pedro et soirée d’au revoir cette fois avec Isa, Greg et leur 4 filles. C’est une fois encore chez Michel que nous partageons un dernier dîner. Leur voyage prend fin, plus de 3 ans sur les routes du monde, à côté d’eux nous ne sommes que des débutants, mais quel plaisir d’avoir partagé avec eux tant d’émotions, de rires, de complicité… Chao chao amigos y suerte !!!

Jeudi matin, le Meriguet-tour reprend la route,

nous faisons une halte à Calama ( 100 km au nord de San Pedro ) dernière grande ville chilienne, avant d’attaquer la Bolivie. Nous achetons quelques vêtements aux enfants dans une sorte de grand centre commercial à l’européenne et faisons un gros plein de courses dans un hypermarché…cette épreuve nous donne vite le tournis et nous n’avons qu’une hâte, retrouver les grands espaces “naturels”. Le lendemain, visite à la mine de Chuquicamata,

celle-ci est la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde.

Le cratère géant mesure 4km de diamètre sur 1km de profondeur.

Les camions qui remontent le minerai sont tout aussi géants !

Le Chili est le premier producteur de cuivre mondial, et cette mine ne cesse de s’étendre. Nous passerons notre dernière nuit chilienne, au bord de la route qui nous mène à Ollague, entourés de volcans et de champs de lave.

Samedi midi, nous passons la frontière Bolivienne.

Accueil sympathique, même si nous devons nous acquitter d’un droit d’entrée de 55 bolivianos (environ 6 euros) . Maintenant, nous n’avons qu’une idée en tête : arriver le plus vite possible sur le SALAR D’UYUNI !!! Les douaniers nous indiquent la piste la plus directe pour entrer sur le salar. Directe, mais perdue, sans aucune indication, nous nous orientons au GPS

Nous traversons le village de San Juan sous le regard surpris des habitants, pas de doute, nous sommes bien au fin fond de la Bolivie. Dimanche matin, plus que quelques kilomètres et nous allons enfin arriver sur le salar !!! La route est vraiment affreuse, de la tole ondulée qui malmène notre pauvre BEF.

Plusieurs fois Olivier tente d’emprunter des pistes de sable et de terre qui longent la route principale et de suivre les nombreux 4×4 d’expéditions qui nous doublent. Mais, nous n’avons pas un 4×4, et même si BEF passe à peu près partout, il pèse plus de 4t…Mon intuition féminine suggère à Olivier de reprendre la route, en effet j’ai lu que les abords du salar étaient assez marécageux et qu’il ne valaient mieux pas s’y aventurer. Mais entre la route pourrie et la tentante piste de terre blanchâtre, notre conducteur émérite n’hésitera pas longtemps. Il sort du véhicule, fait quelques pas pour s’assurer que le sol est assez ferme et remonte confiant : “ça passe !” Effectivement, ça passe sur 300m et puis c’est …l’enlisement !

Terminus, tout le monde descend… Inspection des dégats : côté gauche légèrement enfoncé. Comme toujours dans ce genre de situation,on essaie de mettre un bon coup d’accélérateur pour essayer de se dégager… très mauvaise idée, BEF s’embourbe davantage. Sous la première couche de terre se dissimule une épaisse couche de boue visqueuse et gluante. Bon, je suis un peu énervée, mais comme le souligne mon cher mari, de toute façon on ne va pas vivre ici, on va bien finir par sortir. Certes, vue sous cet angle, l’avenir me paraît moins sombre…

surtout qu’un 4×4 arrive au loin. Les enfants l’arrêtent. Le conducteur s’approche et nous donne de bons conseils : Il faut soulever les roues enlisées, mettre de la terre sèche dessous, des branches, des cailloux et d’ici 2 ou 3 heures de ce travail de fourmi, nous devrions sortir, il ne peut pas nous aider, il va travailler. Au boulot… Olivier creuse, dégage la roue, nous faisons un tapis de terre et de branches sèches,

confiants de notre travail, nous essayons de repartir : rien, BEF ne bouge pas d’un cm ! On creuse davantage, la terre est de plus en plus collante. A la deuxième tentative, au lieu de reculer comme nous l’aurions souhaité, BEF s’enfonce un peu plus du côté gauche. STOP. Cette fois, on ne touche plus à rien, nous avons besoin d’une aide extérieure.

Olivier part au village le plus proche (3km) où parait-il il y a un tracteur, seule chance de nous tirer de là. Il revient bredouille. Une seconde voiture passe ( et oui, nous sommes dans le désert, loin de tout et cette route est très peu empruntée !) 2 boliviens viennent nous voir, ils regardent notre véhicule d’un air dépité, qu’est ce qu’on est venu faire sur cette piste ? Ils finissent par accepter d’emmener Olivier à un autre village plus loin pour trouver du renfort. Un peu plus tard, j’aperçois un camion, je lui fais de grands signes et il s’arrête. Je lui demande de venir nous aider, il refuse d’essayer de nous tirer au risque de s’enliser à son tour. Olivier revient au même moment, les 2 hommes de la voiture et ceux du camion se connaissent, ils décident finalement de venir avec le camion pour nous tracter. Nous préparons les câbles, ça y est, on va enfin sortir de ce mauvais pas…

Le camion malheureusement n’arrivera pas jusqu’à nous, il s’enfonce lamentablement 50 m en amont.

Nous comprenons le dégout du chauffeur et tout le monde se met au travail pour le faire sortir de là. Ce sera fait après 3 heures de dur labeur. Le soleil se couche, BEF est toujours pris au piège, nous aussi. Les hommes repartent, ils donnent rendez-vous à Olivier le lendemain matin à 7h pour l’emmener à un autre village chercher un éventuel tracteur…La nuit glaciale tombe sur le désert, nous sommes seuls, un peu soucieux, qui va nous faire sortir de là ? Comme prévu, Olivier part de bon matin, mais reviendra sans tracteur ! Le propriétaire de l’engin ne souhaite pas nous aider, même en étant payé. On retrousse nos manches, et une fois encore on tente de soulever le véhicule pour dégager les roues. Quelque temps plus tard, nous voyons un véhicule de voyageurs passer sur la route. Ceux sont des allemands, leur gros Man 4×4 pourra sans aucun doute nous sortir de là… Ils acceptent de nous aider, l’homme semble confiant, son camion va relever le défi…ils s’engagent sur la piste maudite et 30 m plus loin, sont à leur tour prisonniers de la boue !!!

Cette fois, nous sommes démoralisés et eux, verts de rage!!! A nouveau à grand renfort de pierres et de coups de pelles, nous essayons de délivrer l’engin. Finallement, les boliviens de la veille reviendront à notre secours et par un astucieux système de levier, ils réussiront à soulever BEF et à placer sous ses roues des plaques en fer et des planches de bois qui lui permettront de retrouver la terre ferme.

Pas de casse à déplorer, tout le monde saute de joie, cela vaut bien un petit verre de pastis !!!

De la même façon ils sortiront le camion des allemands et nous pourrons quitter cet endroit en laissant derrière nous un beau chantier…

C’était notre premier enlisement, et comme d’habitude nous n’avons pas fait les choses à moitié !

Mardi 9 juin, nous entrons enfin sur le Salar d’Uyuni. Du blanc, du blanc et encore du blanc. Lunettes de soleil obligatoires, la réverbération est maximale.

Immense espace plane de plus de 11 000 km2 (environ 2 départements français) sous nos pieds, 40 m de couches de sel. Pureté absolue, je crois que nous n’avons encore rien vu d’aussi beau. Au milieu du salar, La Isla Inca Huasi, petite île volcanique recouverte de cactus (certains sont millénaires et mesurent plus de 10 m de haut).

Du sommet de l’île, la vue panoramique sur le salar est édifiante.

Nous laissons la piste principale tracée par les nombreux tours et autres expéditions pour nous perdre dans ce désert blanc. C’est notre chance et notre liberté de pouvoir circuler où et quand bon nous semble. Robin recevra sa première leçon de conduite et je pense qu’il s’en souviendra toute sa vie…

Petite séance photo pour déjouer les règles de la perspective

et alors que le soleil se couche,

nous admirons bien à l’abris dans notre petit chez nous, les variations de lumière sur le sol immaculé.

Pleine lune,

bivouac de rêve…

Le matin, c’est encore plus beau, le ciel d’un bleu profond tranche avec le blanc intense du salar.

Nous quittons à regret ( pour pénurie d’eau ) cet endroit majestueux et reprennons la piste vers la ville d’Uyuni. A la sortie du salar, se trouve l’usine de traitement du sel . La production est de 20 000 t par an et sert à la consommation des boliviens et du bétail. Les ouvriers qui récoltent le sel travaillent dans des conditions éprouvantes et sont payés une misère.

C’est le côté sombre du salar. Espérons que cet endroit demeurera encore longtemps aussi pur et sauvage et que la richesse de son sous-sol ( la moitié des réserves mondiales de lithium) ne poussera pas les politiques à le dévaster…

 

Pour finir cet épisode, nous vous remercions encore pour votre participation à notre petit jeu et nous félicitons notre grande gagnante : Gwenaëlle H…

Article suivant …